La prise de conscience accrue quant à ce phénomène ne laisse plus de place au déni. Pourtant, certains nient l’existence d’un changement climatique ou l’admettent mais refusent de considérer qu’il est le résultat des activités humaines ou qu’il y aura des conséquences dommageables. Ce sont les climatosceptiques. Difficile d’entendre leurs discours populistes, égoïstes et très souvent simplistes. Une étude récente46 sur un échantillon large (30 pays, plus de 24 000 personnes interrogées) conclut que 8% de la population ne croit pas au réchauffement climatique. Nettement plus préoccupant : 23% doute des causes humaines et donc de notre responsabilité. L’étude conclut à une moyenne de 31% de climatosceptiques dans le monde, particulièrement présents aux États-Unis, en Chine, en Arabie saoudite, en Australie et en Norvège !
En 2015, l’Accord de Paris47 (adopté lors de la COP21, conférence de Paris sur le climat) formalise une réponse mondiale à la menace du changement climatique ; cette déclaration d’intention (non contraignante juridiquement), signée par plus de 195 pays, vise à maintenir à l’horizon 2100 l’augmentation de la température mondiale à un niveau inférieur à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C. Un demi-degré qui fait toute la différence car il augmenterait sensiblement le nombre de réfugiés climatiques, de décès, les problèmes sanitaires causés par la chaleur, les risques de maladies comme la malaria et la dengue, les sécheresses, les fortes précipitations, etc.
Pour atteindre cet objectif, concrètement, il faudrait que les émissions de CO2 chutent de 45% d’ici à 2030. La tendance actuelle mène vers un réchauffement de plus de 3°C d’ici à 2100. Il y a donc urgence ! Le Président chinois Xi Jinping a annoncé en septembre 2020 viser la neutralité carbone d’ici à 2060. Cela signifie qu’à cette date son pays ne devra pas émettre plus de gaz à effet de serre que ce qu’il absorbe par le biais de plantations d’arbres ou de technologies pour capturer le CO2. D’autres pays, tels que le Royaume-Uni, le Japon ou les États-Unis (sous la présidence de Joe Biden) mais aussi l’Union européenne se sont également engagés afin d’atteindre cette neutralité carbone en 2050.
En décembre 2019, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a dévoilé le plan ambitieux de l’Europe en matière d’environnement : Le « European Green Deal » ou EGD48 (« Pacte vert pour l’Europe ») propose une approche systémique basée sur une croissance économique dissociée de l’exploitation des ressources. En juillet 2021, un arsenal de mesures législatives a été annoncé, incluant notamment la fin des voitures à essence et une taxe kérosène dans le secteur aérien. L’objectif d’ici à 2050 est d’être le premier continent neutre pour le climat (« carbon neutral »), avec d’ici à 2030 une réduction de 55%49 des gaz à effet de serre. Cette feuille de route indique un cap vers une économie durable, équitable et inclusive.
Après des décennies de croissance économique évaluée d’après des indicateurs macroéconomiques réducteurs (PNB) qui ignorent complètement les externalités négatives (impact social ou environnemental), la crise est double : les gains économiques ne profitent qu’à certains et laissent trop de laissés-pour-compte ; en parallèle, l’impact des activités humaines sur le climat et la biodiversité pose un risque réel à la survie de notre espèce. Au-delà d’une vision responsable, le « Pacte vert pour l’Europe » inclut une série de mesures opérationnelles pour passer d’une économie extractive à une économie régénérative. Le plan d’action est destiné à promouvoir une économie propre et circulaire tout en restaurant la biodiversité et réduisant la pollution. L’Union européenne prévoit aussi un soutien financier et une assistance technique pour aider ceux qui seront le plus touchés par la transition vers une économie « verte ». Sans ignorer les failles ou manquements d’une Europe qu’on aimerait souvent plus solide et plus unifiée, j’applaudis cette initiative qui révèle le meilleur côté de cette institution. Lorsque l’intelligence et la créativité sont mises au service d’une cause globale, l’espoir renaît.
D’après l’organisme spécialisé Climate Action Tracker50, si toutes ces promesses sont tenues, le réchauffement pourrait être contenu à 2,1°C d’ici la fin du siècle – soit pas loin mais au-delà de l’ambition de l’Accord de Paris. Mais que valent des promesses à trente ou quarante ans ?